L'inénarrable Cochon Dingue organise un jeu-concours pour les deux ans de son blog. Il faut répondre à quelques questions.Ce qu'on gagne ? Un portrait dessinée par ses soins...
Moi je vais tenter le coup !
L'inénarrable Cochon Dingue organise un jeu-concours pour les deux ans de son blog. Il faut répondre à quelques questions.
C'est au tour de Céleste de participer au jeu du changement de sexe, avec un très beau texte dans la peau d'un homme impotent, que je vous invite à lire :
http://www.celestissima.org/moi-gaetano-c/
Illustration : John Goudie Lynch
J’ai imaginé une incision au milieu de mon front qui scinderait mon corps jusqu’aux pieds et permettrait d’ôter ma peau abîmée. Il y aurait un moment délicat. Je verrais sous le dais blanc et rose parsemé de tâches de son, les chairs mises à nues, sanguinolentes, molles, parcourues de tressaillements minables. Les traversant de part en part, les os paraîtraient menaçants, curieusement rigides et les veines, battant frénétiquement, me rempliraient d’une appréhension vertigineuse.
Balmeyer :"Les phrases de Julien Gracq s’enroulaient autour de moi, une par une, belles, impénétrables pour la plupart. A la page 42, je me sentis étouffer. J’eus beau me moquer un peu, rebondir à coté du sens comme une charmante idiote, la voix de mon homme semblait ne plus pouvoir s’interrompre. Une litanie exaltée, voilà ce que je subissais, alors que d’autres femmes dans d’autres lits, s’endormaient paisiblement après avoir joui une fois, deux fois, trois fois. Misérable injustice.
[Désormais je vais faire un billet à chaque mise à jour du jeu... Dans le précédent billet, les commentaires débordent un peu et je trouve que cela manque de lisibilité...]
Ce concours n'est pas mort, vous pouvez encore ajouter vos contributions ! D'ailleurs si des non-blogueurs sont tentés de participer, envoyez moi vos textes par mail et je les publierai. Merci à tous !
La règle du jeu : écrivez dans la peau de l'autre sexe...
Petit historique
- Mr Poireau avait joué dans la provocation :
http://monsieurpoireau.blogspot.com/2008/02/les-sexes-lun-dans-lautre.html
- J'ai relevé le défi :
http://delasexualitedesaraignees.blogspot.com/2008/02/deux-ans-je-ralisai-quil-tait.html
- Suivie par des hommes :
http://extra-ball.blogspot.com/2008/02/la-chose-des-femmes.html
http://balmeyer.blogspot.com/2008/02/la-chasse-la-biche.html
http://entre2eaux.hautetfort.com/archive/2008/03/05/changement-de-sexe.html
http://manucausse.blogspot.com/2008/03/changer-de-sexe.html
http://jegper.blogspot.com/2008/03/concours-de-tortues-de-mer-le-rsultat.html
http://partageonsmonavis.blog.20minutes.fr/archive/2008/03/03/concours-de-tortues-de-mer-resultat.html
http://victoireaupoing.wordpress.com/2008/03/11/im-every-woman/
http://wajdi.over-blog.com/article-19567678.html
http://baratin.hautetfort.com/archive/2008/05/18/j-ai-faim.html
http://mtislav.blogspot.com/2008/05/service-la-personne-le-changement-de.html
http://homoavecepouse.over-blog.com/pages/Changer_de_sexe_-515893.html
http://desanquis.canalblog.com/archives/2008/07/24/10023341.html
-Et des femmes :
http://nefisa.blogspot.com/2008/02/si-jtais-un-homme-je-vous-parlerais-de.html
http://sauvonslaterre.hautetfort.com/tag/homme
http://lantiforum.hautetfort.com/archive/2008/03/01/sortie-de-route.html
http://laviequonaime.blogspot.com/2008/03/le-poil.html
http://www.menageredemoinsde50ans.com/article-17255747.html
http://yelka.free.fr/index.php?2008/03/10/150-celle-qui-changeait-de-sexe
http://yelka.free.fr/index.php?2008/03/12/151-celle-qui-changeait-de-sexe-2#co
http://perdreuneplume.breizhzion.com/
http://lesondunenuit.hautetfort
http://delasexualitedesaraignees.blogspot.com/2008/04/contemplation.html
http://alluvions-mc.blogspot.com/2008/05/changer-de-sexe.html
http://bouchedela.blogspot.com/2008/05/le-premier-sexe.html
http://loisdemurphy.canalblog.com/archives/2008/01/12/7530928.html
http://sihaya.net/?2008/02/03/28-clitoris-ce-heros
http://2yeux2oreilles.hautetfort.com/archive/2008/05/16/dans-la-peau-d-un-homme.html
http://www.celestissima.org/moi-gaetano-c/
http://nefisa.blogspot.com/2008/06/changer-de-sexere-mixed-and-re-loaded.html
http://delasexualitedesaraignees.blogspot.com/2008/08/changement-de-sexe-le-texte-de-m.html
Didier Goux, lui, a refusé de le faire :
http://didiergouxbis.blogspot.com/2008/03/je-garde-le-mien.html
Avant de changer d'avis, le 21 avril :
http://brigadiermondain.blogspot.com/2008/04/puisquon-voulait-que-je-change-de-sexe.html
Ma mère m'a envoyé un mail parce qu'elle croit que je boude. Il s'intitule nous. Entre autres choses, ma mère m'informe qu'elle a rattrapé le retard sur mon blog et elle avoue : "je le trouve triste, trop triste par rapport à ta vie, qui est riche..."
D'emblée, Sujitha, la fille à la tache en forme d'étoile, est captivant. Le balancement des mots qu'une virgule finement placée fait chalouper, la mélodie délicate des adjectifs, le style ciselé font de cette nouvelle un joyau à la puissance évocatrice imparable.Mais mes pensées sont souvent accaparées par des événements mineurs : travail, gestion du quotidien.
Ce qui fait que durant les mois sédentaires j’écris beaucoup moins que ce que je souhaiterais.
Par contre si je suis délivrée des contingences professionnelles et logistiques, mon esprit vagabonde, imagine, crée des histoires. Toutes n’arrivent pas à terme mais beaucoup ne demandent qu’à être transcrites.
Quand les conditions idéales sont réunies j’écris n’importe où, chez moi, en vacances, en train et n’importe quand.
L’écriture n’est pas pour moi un plaisir solitaire. J’écris pour partager, pour communiquer, pour raconter.
C’est pourquoi j’aime avoir un blog.
Si personne ne me lit, je n’écris pas.
Tu voyages beaucoup... Pourrais-tu écrire sans cela ?
J’aime écrire et j’aime voyager. Mon écriture se nourrit de mes voyages, mais pas seulement.
Ecrire est aussi un voyage immobile. Je n’aimerais pas avoir à choisir entre les deux.
Comment est née Sujitha ?
Sujitha est un personnage fictif.
Je n’ai pas beaucoup d’imagination mais je suis observatrice et très réceptive aux autres.
Sujitha n’existe pas mais elle m’a été inspiré par mes amies indiennes du Kerala.
Il y a deux ans Fabio et moi avons réalisé un documentaire sur un couple d’amis, Sini et Roy. Ils vivent et travaillent à Bologne et nous les avons suivis lors de leurs vacances kéralaises. Nous avons vécu chez Sini, dans sa famille et rencontré beaucoup de leurs amis et connaissances.
Sujitha est née de toutes mes discussions avec des jeunes femmes. Je les ai regardées vivre et j’ai écouté leurs histoires.
Puis j’en ai imaginé une qui soit proche de la réalité, de leur réalité.
J’aimais l’idée de montrer à quel point les émotions sont universelles.
D’ailleurs j’ai été touchée quand des lectrices m’ont confié avoir retrouvé quelque chose d’elles-mêmes, d’intime, en Sujitha.
Comme je l’ai été quand d’autres m’ont dit avoir retrouvé l’Inde en lisant la nouvelle.
Quant-à son histoire je l’ai imaginée lors d’un trajet en bus, celui-là même dont je parle. La destination est réelle, le reste est inventé.
J’ai peaufiné les détails, les phrases.
Et j’ai écrit.
Comment as-tu découvert les Editions Filaplomb ?
C’est Fil qui m’a contactée car il connaissait mon blog.
J’en ai été ravie.
J’avais écrit Sujitha l’été dernier lors d’un voyage en Inde avec l’intention de le publier, ainsi que d’autres récits indiens, sur un blog.
Et alors… et alors… Filaplomb est arrivé !
As-tu lu d'autres auteurs chez lui ?
Oui, j’ai lu les autres auteurs.
J’ai aimé tous les récits, le choix est varié et tous sont de qualité.
J’ai une tendresse particulière pour Des hamsters et des hommes car j’apprécie beaucoup l’humour de Joan Aractingi.
Ecris-tu en ce moment ?
J’espère pouvoir me délivrer de beaucoup de contraintes dans les années qui viennent afin de pouvoir écrire plus.
En ce moment, vie bolognaise oblige, j’écris peu. Autrement dit rien d’autre que le blog.
Mais à partir de la semaine prochaine mon emploi du temps sera considérablement allégé, et ceci pour plusieurs mois.
Mes projets les plus concrets sont d’une part de continuer à écrire d’autres récits autour de Sujitha, de façon à ce que les histoires soient reliées les unes aux autres, d’autre part je voudrais reprendre mes extraits préférés des journaux de voyage que j’ai tenus en Inde pour en former un recueil autour d’un fil directeur, peut-être en y introduisant un peu de fiction.
Et puis, ensuite, quand je serai disponible, quand le temps sera devenu un allié, j’écrirais toutes ces histoires qui emplissent mes pensées depuis des années et qui attendent de voir le jour, d’être partagées.
Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. J’ai répondu à ces questions avec un grand plaisir.

Dans notre appartement, je sors sur la terrasse ; la mer frissonne contre un ciel livide, tendu comme un linceul ; des papillons feuillettent du bout de leurs ailes les rayons de lunes coulant sur mes épaules ; un chien hurle de solitude dans le lointain. Je pleure lorsque j'aperçois, sur la balustrade, un corbeau immobile, de longues plumes brillantes, l'œil au creux de mon cou, tel un diadème. Je m'approche de lui ; il ne bouge pas. Il me regarde et je me souviens des symboles attachés à ce sombre volatile ; présage de mort, messager. Pourtant, à ma connaissance, les corbeaux ne mangent pas les cadavres, comme les vautours par exemple ; ils ne sont pas sales et puants comme les pigeons, indécents au point de mourir sous les roues des voitures. J'avance doucement vers l'oiseau magnifique. Il est de profil et ne me quitte pas de l'un de ses yeux ; celui qui est du côté que je regarde.
Un jour, dans le métro, une vieille femme, la tête couverte d'un foulard blanc, le menton et le front tatoués, s'est assise à côté de moi. Elle avait un nez crochu ; mais ses yeux noirs, petits, enfoncés, aux sombres cils penchés, étaient en tous points identiques à ceux de ma grand-mère. Elle m'a parlé et les "r" roulaient dans sa gorge comme un rire profond et sourd. Ses yeux attendaient, plus mystérieux que l'oubli. Puis elle a fait un geste drôle en désignant les bras musclés d'une fille ; elle souriait ; avec sa voix chantante, c'était elle.La première c'était ça :
La deuxième concoctée par Dom un jour de migraine, vous devez vous en souvenir :
Voici la nouvelle édition, sans araignée et bricolée à partir d'un dessin d'Art and Ghosts.
Qu'en pensez-vous ?

Cette semaine j'ai emporté, pour l'un de mes trajets en métro, un petit livre des Editions Filaplomb. Il était seize heures, je partais donner quelques heures de cours au cœur de Paris, je me sentais un peu lasse, vaseuse encore, je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de travailler jusqu'au soir, tard.
Quand enceinte, je rayonnais, heureuse de mon bonheur à venir, fière dans ma folie d'enfanter, pour rire, des gens me disaient : "tu verras, quand il sera adolescent, tu feras moins la maligne !"
Lorsque dehors, il y a du soleil, il m'arrive de quitter ma chambre un peu tard. Nul rayon ne s'aventure directement dans la pièce. Pourtant, les platanes, de leurs bras tendus dans le ciel, les voitures, scintillantes, qui dévalent le boulevard en grondant, une fenêtre qui s'ouvre dans l'immeuble d'en face, me renvoient des bribes de lumière que j'essaie d'effleurer, du bout des doigts. Si je le peux, je plante mon regard dans un faisceau doré. Il me semble que ma pupille se gorge de lumière. Je me laisse aveugler, immobile. Je ne respire presque pas. Les larmes qui ondoient sur mes joues, pour une fois, sont de joie."Comme il est changeant, le passé. On dirait quelqu'un que l'on croise sans cesse dans la rue, un jour il vous ignore et le lendemain il vous sourit chaleureusement, un jour il est beau et élégant, le lendemain sale et repoussant, mais moi, plus il m'ignore plus je suis contente, plus je réussis à le salir de boue plus je m'apaise, et j'en viens à penser que ce n'est qu'en l'écartant totalement de mon chemin que je pourrai trouver le repos mais comment l'écarter."
Zeruya Shalev, Thèra
Nous avons gravi l'avenue Caulaincourt et j'ai peiné.