Zozo a 23 mois et, déjà, une bibliothèque très garnie...
Depuis quelques semaines, mon fils, est en proie à des peurs plus ou moins contrôlées, qui, la nuit venue, le font parfois hurler de terreur, et pleurer, inconsolable.
En plein jour, il gère, mais il n'est pas question pour lui de rester seul dans une pièce ; si je quitte sa chambre, le croyant absorbée par ses petites voitures, pour aller me préparer un café dans la cuisine, juste à côté, je l'entends aussitôt cavaler à ma suite, haletant et chuchotant "ite, ite, ite" (il ne prononce pas encore les "v").
Au square, il a cessé de se jeter par-dessus bord dès qu'un autre enfant montait à l'échelle du toboggan derrière lui, mais il lui arrive de se terrer dans un coin de cabane et de me confier : "a peur la petite tille" (il ne prononce pas encore les f.")
Hier soir, il jouait avec son papa sur le canapé. D'un coup, il sursautait, aspirant l'air de sa petite bouche rassemblée comme en un baiser, et il soufflait "a peur papa". Celui-ci le prenait dans ses bras, le cachait contre son torse rassurant. Alors, Zozo soupirait, souriant " ayé, a plus peur". Le jeu s'est répété des dizaines de fois.
Parmi tous les livres de Zozo, il en est qu'il nous a fallu écarter temporairement. C'est le cas de Caca Boudin une histoire très drôle de Stéphanie Blake avec un petit lapin facétieux qui ne sait dire qu'une chose : "caca-boudin" !
Ses parents lui disent, "mange tes épinards mon petit lapin", "viens prendre ton bain, mon petit lapin" et il répond "caca boudin".
Jusqu'au jour où le loup lui même lui demande "Je peux te manger mon petit lapin ? ". Le "caca boudin" qui lui est répondu, n'ayant pas valeur catégorique de négation, le loup mange le petit lapin.
Là Zozo commence à faire une drôle de tête et ose un "non" hésitant. Comme il reste bien calé sur son oreiller, nous poursuivons...
Le passage qui l'angoisse c'est lorsque le médecin qui est aussi la papa du petit lapin, va chercher, dans la gueule du loup, son petit lapin. La suite généralement, nous ne pouvons la lire, couvert par le staccato éprouvant des "non" répétés sans fin.
Les histoires de loup ne sont pas toutes rédhibitoires. Qui a vu le loup ? d'Alex Sanders rassure beaucoup Zozo puisque à la fin de l'histoire c'est le bébé loup qui a peur de lui.
Zozo fier de ce nouveau pouvoir, assène aussitôt un bon coup de voiture sur la tête de notre gros chat roux ronronnant. Celui-ci file se cacher sous la table. Colère de son papa. Explications de sa maman : "tu vois, maintenant Raskasse a peur de toi !" Aïe, quelle erreur dans la formulation ! Car Zozo ne cesse de vérifier cette donnée énigmatique et merveilleuse : il fait peur à quelqu'un !
Le joli mini-album de Bénédicte Guettier La cage de tiredelle met en scène un petit oiseau en cage qui a peur de tout : des chats, du froid, de la faim et même de la peur. Mais la porte de sa cage est restée ouverte et tiredelle s'envole au dessus du chat...
Au lit, petit monstre de Mario Ramos, joue sur le propre et le figuré du monstre. Le petit monstre ne cesse de contrarier son papa qui lui fait la leçon et se fâche. Au moment où il quitte la chambre, le papa devient monstre à son tour...
S'il est un album qui ne devait pas aborder la peur, c'est bien Mon grand livre des engins de Stefan Seidel. Pourtant, il nous a fait traverser quelques nuits blanches. Une des dernières pages aborde les véhicules de secours : énormes camions de pompiers, ambulance, hélicoptère du samu, voitures de police s'amoncellent sur la page.
Et puis, en bas, à gauche, dans un coin, il y a une dépanneuse. Entre ses mâchoires d'acier, elle tient une voiture accidentée. Des morceaux de phares brillent sur le sol, une porte est enfoncée, le pare-brise brisé. La page de la "doiture cassée" (Zozo ne prononce pas les labiales) est devenue notre cauchemar. Le premier soir, Zozo s'est réveillé au bout d'une heure en hurlant " doiture cassée, doiture cassée ". Il ne s'est calmé qu'après avoir pris contre lui ses vingt voitures intactes. Depuis deux semaines les derniers mots qu'il prononce avant de s'endormir sont " doiture cassée ", les premiers qu'il articule dès son réveil sont "on lit doiture cassée ? ".
Un soir, en rentrant de chez Urszula, son papa l'a emmené voir un garage où il y avait des voitures cassées que l'on réparait.
Nous espérions en avoir fini avec le Grand livre des engins mais depuis, Zozo, au lieu de "doiture cassée" dit parfois "plein d'doitures cassées".
Avec jubilation...
6 commentaires:
ça me rappelle des souvenirs
j'ai trois grands (19.5 , 18 , 14.5)
chacun a eu son lot d'angoisses , de cauchemars , et l'ainée a eu longtemps des terreurs nocturnes
il faut du temps, beaucoup de paroles pour les rassurer , et parfois les livres déclenchent ou bien aident à faire sortir ou bien aide à comprendre
Merci pour tes mots, ceux-là ceux plus bas, ils me parlent et me touchent.
@fRisaplat : si tu as des conseils de lecture, n'hésite pas !
@Nelly : Merci pour ton merci...
Etrange...je n'ai pas souvenir de terreurs nocturnes chez mon fils, dumoins pas de peur qui ne trouvent leurs sources dans notre réalité.
Peut être l'apprentissage de la peur elle même est elle un processus indispensable, qui ira chercher des sources...quelques soit celles si...
j'y réfléchis
et j'en parle avec mes enfants ce WE
ce sont les premiers concernés
et ils ont gardé en mémoire beaucoup des histoires que nous avons lues lorsqu'ils étaient petits
@Ash, oui je crois que c'est de ça qu'il s'agit...
@Frisaplat : super ! J'ai hâte de lire ça... A bientôt !
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