Dans la nuit, le ronronnement d'un véhicule arrêté plein gaz sous nos fenêtres me tire du lit, exaspérée. Je mets un pieds sur le balcon et ce que je vois me calme illico : un énorme camion de pompier est stationné, ses longs tuyaux vissés sur les arrivées d'eau de la rue. Un peu plus loin, un autre camion, des voitures de police.
Il y a un incendie au coin de ma rue.
Des badauds, fascinés observent l'événement, et je me fie à leurs visages pour imaginer ce qui se passe, puisque, d'où je suis je ne vois rien. A part le ronronnement de l'engin et les cris des pompiers au loin, l'ambiance est étrange ; la plupart des piétons avancent au ralenti, silencieux. Certains, au contraire, se pressent et un homme affolé qui entre dans l'immeuble à côté du mien, en se retournant comme si les flammes lui léchaient les souliers me communique sa panique.
Je demeure longtemps, dans le froid. Dans l'immeuble en face, des silhouettes se détachent, en noir, dans la lumière de leur appartement : un homme qui fume, une femme d'un certain âge avec des bigoudis, un autre homme, torse nu, très musclé. Nous échangeons des regards comme si nous nous parlions, nous nous rassurons mutuellement et je n'ai même pas honte de ma tenue hétéroclite, de ma tête échevelée car, au bout de la rue, il se passe des choses graves.
Je rentre, apaisée, soudain frigorifiée.
Avant d'aller me coucher, je me glisse à pas de loup dans la chambre de Zozo endormi. Aussitôt, il s'agite, repousse ses draps à coups de pieds énergiques, s'étire, secoue la tête de droite à gauche.
Puis il prononce très nettement : "brûlé". Le "r" roule longtemps dans sa gorge, le "l" vient effleurer doucement ses dents de lait, le "é" résonne, clair, tranquille, à peine interrogateur.
J'ai mis des heures à trouver le sommeil...
Des badauds, fascinés observent l'événement, et je me fie à leurs visages pour imaginer ce qui se passe, puisque, d'où je suis je ne vois rien. A part le ronronnement de l'engin et les cris des pompiers au loin, l'ambiance est étrange ; la plupart des piétons avancent au ralenti, silencieux. Certains, au contraire, se pressent et un homme affolé qui entre dans l'immeuble à côté du mien, en se retournant comme si les flammes lui léchaient les souliers me communique sa panique.
Je demeure longtemps, dans le froid. Dans l'immeuble en face, des silhouettes se détachent, en noir, dans la lumière de leur appartement : un homme qui fume, une femme d'un certain âge avec des bigoudis, un autre homme, torse nu, très musclé. Nous échangeons des regards comme si nous nous parlions, nous nous rassurons mutuellement et je n'ai même pas honte de ma tenue hétéroclite, de ma tête échevelée car, au bout de la rue, il se passe des choses graves.
Je rentre, apaisée, soudain frigorifiée.
Avant d'aller me coucher, je me glisse à pas de loup dans la chambre de Zozo endormi. Aussitôt, il s'agite, repousse ses draps à coups de pieds énergiques, s'étire, secoue la tête de droite à gauche.
Puis il prononce très nettement : "brûlé". Le "r" roule longtemps dans sa gorge, le "l" vient effleurer doucement ses dents de lait, le "é" résonne, clair, tranquille, à peine interrogateur.
J'ai mis des heures à trouver le sommeil...
2 commentaires:
C'est agréable de prendre les notes anciennes au fil des liens et de te lire. C'est la seule chose qui compte. Les textes et les émotions que nous partageons. Le reste les statistiques, les visites, les classement, je m'en moque …
Je sais seulement que j'ai trouvé depuis plusieurs mois un blog que j'aime lire et où j'aime me promener.
C'est drôle un commentaire sous un vieux billet !
Qui n'en avait pas eu d'ailleurs ! Tu es courageux de t'attaquer aux archives, j'avoue que je le fais rarement quand je découvre un nouveau blog. Il y en a tellement !
Merci beaucoup, ce que tu m'écris me fait très plaisir...
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