Il est fascinant d'observer qu'une araignée peut s'installer quasiment n'importe où. Gravissant l'escalier de mon immeuble, le nez en l'air, je remarque de curieux cocons de cadavres évidés pendouillant, sinistres, le long de la rampe d'escalier. Cette semaine j'ai aspiré deux nouvelles toiles, une dans les W.C., une dans la salle de bains.
Avant d'aménager nous nous étions pourtant adonnés à un véritable carnage parmi la gente arachnide. Il y en avait environ cinq par pièce. Une question me taraudait : comment les araignées se reproduisent-elles ?
Je m'imaginais dormir alors qu'au plafond, dans les coins, sous le lit, s'accompliraient de véritables orgies, pleines de pattes, de fils, "attache-moi" et compagnie. J'ai mis du temps à pouvoir me renseigner mais la réponse, je ne l'ai pas retenue car j'aime me dire, de temps en temps, que je pense à la sexualité des araignées.
Je m'imaginais dormir alors qu'au plafond, dans les coins, sous le lit, s'accompliraient de véritables orgies, pleines de pattes, de fils, "attache-moi" et compagnie. J'ai mis du temps à pouvoir me renseigner mais la réponse, je ne l'ai pas retenue car j'aime me dire, de temps en temps, que je pense à la sexualité des araignées.
Tout à l'heure je suis restée à côté de mon fils qui s'était endormi près de moi, à force de lire et relire ses histoires préférées. Un chat s'étirait sur le lit près de nous, ronronnant, se léchant quand soudain il a bondi sur le parquet faisant le même bruit qu'un de nos cartons de livres versant sur le sol. Il a donné quelques coups de pattes, ses griffes ont rayé le sol à plusieurs reprises puis je l'ai entendu déguster sa prise.
Ce devait être une araignée de belle taille car il l'a suçoté longuement.
Je ne sais pas si j'aime cet appartement que nous n'habitons pas encore pour de vrai, parce que tous nos cartons ne sont pas déballés, parce que les peintures ne sont pas finies, ni le bricolage...
Chaque soir, à l'heure où Zozo sombre dans le sommeil, les voisins du dessus, deux ados et leurs parents, se livrent à des cavalcades, ponctuées de jurons, de pleurs, de cris, de silences brusque au milieu du vacarme, moment où le coup tombe ; "tu es un connard et toi une connasse / TACATATAC /silence / Ouiiiiiiiiiiin ! Sale connard, sale connasse / Ouiiiiiiiiiin / TACATACATA / BOUM BOUM /Silence / Ouiiiiiiin ".
Une autre voisine, se réveille, vers six heures le matin, éternuant en de sombres cri rauques. Je pense régulièrement à lui laisser des prospectus sur les allergies mais je ne suis pas comme ça.
Dans la rue, une femme dort encore, la même. Elle est allongée presque toute la journée. Parfois, d'autres femmes lui déposent à manger, elle lève le nez pour mieux les ignorer et arbore une expression dégoûtée. Elle croule sous les couvertures. A une époque, elle a eu plusieurs matelas, et deux fauteuils mais les éboueurs finissent par lui enlever ce qui est encombrant. J'ai découvert comment elle satisfaisait ses besoins, par hasard, de mon balcon. Elle s'assied sur l'avancée de trottoir qui délimite un espace pour garer les vélos. Ses dessous sont cachés par son long manteau gris mais elle baisse son pantalon sans rechercher la discrétion, une petite rigole descend en direction du caniveau. Elle en était là de son affaire, vers 18 heures, en pleine affluence, quand une automobiliste ignorante est venue lui demander de se pousser parce qu'elle allait reculer...
J'ai réalisé récemment que je la considérais comme une déesse, ma déesse personnelle, pathétique et grandiose à la fois. J'ai d'abord été émue par son sort au point de m'identifier à elle et de passer mon temps à l'épier. Puis je me suis fâchée contre elle, révoltée par son attitude dépressive, sa complaisance. Me rappelait-elle la petite fille que j'étais, qui après une dispute avec sa mère se couchait sur le sol à poils ras, toute la nuit ? J'attendais d'être secourue, pardonnée mais ma mère ne venait pas me voir. Je me roulais dans mes larmes, les faisant redoubler grâce au défilé, savamment orchestré, des différentes injustices auxquelles j'étais soumise. Il fallait qu'elle me trouve, couchée par terre, le visage meurtri. Mais je finissais par regagner mon lit, épuisée sans que personne ne sache rien de mes flagellations nocturnes. Au petit déjeuner il fallait demander pardon à maman que j'avais, la veille, traitée de connasse.
Crédits photo : Rothamsted Research
2 commentaires:
Tu crois qu'elle attends sa maman?
J'ai bien peur qu'elle n'attende plus rien...
Oui c'est certain !
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