mercredi 14 janvier 2009

La faim

En face de moi une fille annote son livre intitulé "10 leçons politiques et économiques". Un homme, la barbe coincée dans une écharpe verte, regarde le wagon, comme moi qui suis en face de lui. Les larges jambes de l'étudiante encadrent les miennes et mon sac en plastique renfermant un mini-plateau de sushis, heurte, de temps en temps, un de ses mollets. J'ai faim. Je meurs de faim et je sens, sous mon poing, mon estomac parcouru de crampes.

Dans ma tête passe en boucle l'image de mes mains entrain d'ôter le couvercle de plastique. Je sens sur ma langue le contact du riz en paquet, du poisson gras et des lamelles de gingembre. Mais je n'ai guère le courage d'affronter l'idée de l'odeur qui emplira le wagon, directement exhalée de ma bouche. En fouillant dans mon sac pour trouver un chewing-gum j'imagine les regards vaguement courroucés du barbu et de la fille. Je dirais "Excusez-moi, j'avais trop faim" et un postillon gélatineux ira s'accrocher dans le lainage de l'écharpe verte.

Illustration : Ray Caesar

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Faut trouver le chewing-gum et le proposer à la grande asperge.
Elle aura émotion de cet élan de générosité dont toi seule saura que c'est intéressé et ne sachant que faire pour te remercier, te filera ses sushis.

J'aime beaucoup l'illustration et je n'ai qu'une envie, brosser les dents de la jeune fille, même si elle semble morte.

Audine a dit…

Mais non Mélina, c'est Zoridae qui avait des sushis dans un sac qu'elle cognait exprès contre les jambes de l'asperge pour la punir d'être envahissante.

Je ne sais pas si Zoridae est très fréquentable quand elle a faim ...

Zo, tu traverses une période où tout ce qui passe ou doit passer par les intestins te fascine, je vois !
Ca me fait penser que je n'ai pas pensé / voulu / osé aborder cet angle là dans ma série "Donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour" !

Anonyme a dit…

Avoir faim, avoir de quoi l'assouvir et ne pas pouvoir, c'est de la torture non ? Prendre le métro à l'heure de pointe aussi remarque...

Anonyme a dit…

Je ne me serais pas gênée, j'aurai sorti les sushis et les auraient mangés avec un grand soupir de contentement à chaque bouchée.
Me voyant faire, le monsieur barbu aurait sorti un sandwiche aux rillettes cornichon de sa poche ;o)

Dès qu'il s'agit de manger, les derniers freins de timidité lâchent. La preuve, je viens de poser mon premier commentaire sur ce blog...

Anonyme a dit…

Je m'étais préparée un sandwich au saumon fumé dimanche soir sans le train. Aucun complexe pour le manger, malgré l'odeur!

Balmeyer a dit…

Qu'est-ce qui t'arrive ?

T'es pas enceinte au moins ? :(((((((((((((((((((((((((((((((((((((((

Zoridae a dit…

Melina,

Le pire c'est que j'avais déjà les sushis... Une pudeur sournoise m'a empêché de les dévorer dans le métro !
(L'illustration est tronquée. Je la mettrai une prochaine fois en entier. Comme toi, ces dents me fascinent. C'est tellement génial de ne pas les avoir peintes blanches !)

Audine,

Je ne suis pas fréquentable du tout ;) !
(Mais si tu vois puisque je maitrise mes appétits, même affamée...)

Ta conclusion m'a fait mourir de rire... Tu as raison ! On ne parle pas assez des conséquences psychiques de la gastro... Quant à ta série, alors, poursuis la !

Sophie,

Les deux se valent c'est vrai. Mais pour le métro cette fois là, ça allait à peu près puisqu'il était 22h...

La Trollette,

Que j'aime cette vision du monsieur barbu entrain de manger en face de moi ! Pour un peu, l'étudiante pourrait ouvrir une bouteille et partager notre festin...

Bienvenue ici et merci d'avoir commenté :)

Dorham a dit…

Tss tss, Bal, être enceinte et manger du poisson cru, Bad Karma !

Purée, moi, je hais les gens qui mangent dans le métro, mais le sushi, ça va quand même, y a pire. Ceux qui bouffent de gros burgers pleins d'huile ou des kébabs pleins de... de... ben tiens, oui, de quoi d'ailleurs...

Si ça se trouve tu manges pendant que tu écris...personne n'y trouve rien à redire...

Zoridae a dit…

Aude,

Bravo !

Balmeyer,

Ah ah !

Catherine a dit…

Mais il ne serait rien rester pour ce pauvre Balmeyer ! Personne n'y a pensé à ça ? Vous êtes une brave petite épouse d'avoir résisté à la tentation.

Zoridae a dit…

Catherine,

Quand je rentre tard de mes cours, Balmeyer a déjà mangé... Et parfois j'ai la flemme en rentrant de me faire à manger donc j'achète des sushis...

Didier Goux a dit…

Pareil que Dorham : horreur des gens qui bâfrent dans les lieux publics (sauf au restaurant, et encore).

Zoridae a dit…

Arg j'ai oublié Dorham !

Oui tu as raison, je ne raffole pas des gens qui mangent dans le métro mais ça m'est arrivé parce que je ne pouvais pas faire autrement. Le plus important c'est la façon de manger... Et l'odeur peut-être : kébab, Mac Do c'est le pire !

Ecrire, en fait, c'est pratique ;) !

Didier,

Vous voyez !

la Mère Castor a dit…

Les odeurs de banane, d'oeufs durs et de pâté dans les trains, arggg ! Heureusement ici on peut vomir.
Cette illustration me rappelle une nouvelle de Gaiman, dans Miroirs et fumées, une version très particulière de Blanche Neige.

Christie a dit…

Excellente suite à la famille vomi..
Pu faim..;-D)

mtislav a dit…

Ca donne des frissons et envie de s'envoyer des sardines en boîte. L'illustration : brrrrrrr !!!!

mtislav a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Charles Magnet a dit…

la fin justifie les moyens.... n'est-ce pas?

Anonyme a dit…

Essaie le chewing-gum aux fruits de mer...

Anonyme a dit…

J'ai des souvenirs de sandwichs à la sardine étant enfant, ça épatait toujours mes copines...jusqu'à ce que ma sardine jaillisse du pain quand je croquais dedans!

Zoridae a dit…

La Mère Castor,

Oui, vomissons en chœur !

Christie,

C'est vrai qu'on dirait une suite... Un interlude. Le troisième volet de la Famille vomi arrive !

Mtislav,

Pour les sardines en boîte, je vais attendre encore quelques jours, je commence à en avoir assez de parler vomi, de penser vomi...

Charlemagnet,

Bienvenu ici !
Tout est -encore- une question d'éducation !

Arpenteur,

Burps

Mots d'elle,

Pour moi c'était sandwich au thon... A l'âge où je me moquais des garçons...